Virtual Expo © Roland THERON
Lao sur la montagne…
L’ombre du temps
Né au pied des lapiaz du Vercors,
j'ai couru aux quatre coins du monde depuis plus d'un demi siècle.
Une caméra et un appareil photo à la main. Dans une incessante quête
d'image et de sons. Une vraie boulimie. Je suis un maniaque du viseur,
de l’écran, cadrant le monde et mes semblables en permanence… En parallèle à ce travail de
captation d'images animées à destination de formats bien connus, j'ai
toujours exploré les voies de l'abstraction. Une abstraction construite
à partir de sources réelles, de matières rapportées dans le sac de
voyage, ou "samplées" dans l'instant, sur place, comme une collection
planétaire de fragments de temps.
Ma palette ce sont toutes les
couleurs du monde. Une soie chinoise, un lever de soleil inuit, la
transparence d’un sari, une écorce chilienne, la nuit africaine, un
désert australien, la lumière sur les tours de Manhattan ou Tokyo… Le désert, les montagnes, les
océans, les forêts, me bouleversent. Chaque immersion dans des paysages
qui semblent intacts depuis l'origine du monde - si on vous savez
l'apprécier à sa juste valeur - vous transforme en votre for intérieur.
Mais aussi tout l'univers urbain, ses reflets, sa vibration, son tempo. Les paysages des hautes montagnes
furent source d'inspiration. Toujours beau, jamais pareil. Quoi de plus
éphémère que la lumière, puisqu'elle se transforme en permanence ? Je
suis fasciné par l'éphémère, le nomadisme, l'inachevé, le mouvement, la
transformation.
Au départ, il y a donc cette
abstraction nourrie de cette collecte incessante de "samples" visuels à
l'échelle planétaire. Puis il faut jouer avec le temps. Regarder ce que
chacun peut voir, en orientant son regard, pour transcender le commun
en exceptionnel. Isoler des pièces miraculeuses, les retravailler en
multicouches. Explorer et combiner différentes techniques :
compositing, acrylique, pastel, peinture digitale. Dans un aller retour
incessant entre matière et pixels. L'ambition est d'offrir une poésie
de l'instant. Une sorte d'haïku visuel contemporain. Un flash poétique.
Chaque tableau raconte l’esprit d’un lieu, lié aux flux de migrations
et aux histoires qui l’ont traversé. Tout est dans tout. De
l’infiniment petit à l’infiniment grand, la permanence des structures
organiques oriente le pinceau et l’esprit. Comme autant de cartes
mentales qui invitent à l’exploration joyeuse du temps du rêve.
Aux antipodes de la posture
d'artiste obscur, mon travail sur l'abstraction est plutôt une
exploration joyeuse. En grand écart, dans un état d'ouverture au monde
et de curiosité permanente. Comme une tentative de saisir la beauté
éphémère du monde. Au présent, faisons fi des
barrières et des attentes d'un lendemain meilleur : notre monde se
construit aujourd'hui, dans le quotidien de ce que nous sommes
collectivement capables de construire. La beauté sauve le monde.
=:-)